TITANE de Julia Ducournau Palme D’Or du 74ème Festival de Cannes !

Après Grave, Prix FIPRESCI 2016 de la critique internationale suite à sa présentation en Compétition à la 55e Semaine de la Critique, Julia Ducournau est revenue secouer la Croisette. Son dernier bébé ? un méga OVNI, une tragi-comédie trash, organique et viscérale, TITANE en Compétition Officielle, a finalement remporté la Palme d’or. Un film de genre comme elle seule en a le secret dans le cinéma français. Après Jane Campion en 1993, Julia Ducournau devient donc la seconde femme à remporter une Palme D’or.

Pitch original : Après une série de crimes inexpliqués, un père retrouve son fils disparu depuis 10 ans. Titane : Métal hautement résistant à la chaleur et à la corrosion, donnant des alliages très durs.

Agathe Rousselle est une révélation dans une interprétation exceptionnelle. Julia Ducournau offre un rôle inédit à Vincent Lindon à contre emploi. Exit l’image de l’acteur « bon père de famille ». On ne l’attend pas dans ce genre de film et c’est tant mieux.

Formé en scénario à la FEMIS, Julia Ducournau pose un scénario hyper peaufiné où tout s’enchaîne très logiquement dans un univers fantastique. Dans un grand geste de cinéma la cinéaste revient à ses thèmes de prédilection que sont la transformation du corps, l’observation de la peau comme matière jusqu’à l’élasticité et la monstruosité. L’héroïne est une sorte de caméléon qui deviendra presque un être asexué. Avec des corps maltraités, piercings, tatouages on est dans le hardcore version univers BD tellement trash qu’il en appelle l’humour, tout cela dans un style hyper esthétisant. On sent de multiples influences de Cronenberg (Christine), aux séries fantastiques comme Stranger Things (notamment dans la ressemblance des héroïnes au crâne rasé). Un cinéma de genre attendu classiquement dans le cinéma américain, pas en France.

Julia Ducournau est une réalisatrice d’un cinéma dur, trash et drôle auquel il faut accéder. L’ouverture un brin sexiste pourrait ralentir l’entrée dans le récit aux femmes. Nous ne sommes plus avec la gentille étudiante en première année de fac de médecine de Grave (Garance Marillier qui interprète également un rôle ici) mais avec un être-monstre qui ne parle pas et tue. Son parcours vers la gentillesse est impressionnant. Une vraie proposition de cinéma. Et une Palme d’Or désormais.

Entretien avec Julia Ducournau pour Grave

Critique de Grave