
C’est un retour parmi les stars qu’effectue David Cronenberg directement en Compétition Officielle à Cannes avec sa dernière oeuvre Crimes Of The Future. On attendait le retour du maître du fantastique depuis son dernier film, Maps of the stars en 2014. Le cinéaste nous emmène une nouvelle fois dans un monde sombre et inquiétant, un univers tout droit sorti de son esprit puisque le scénario est écrit de sa main. Un film fantastique mais aussi une réflexion philosophique au casting prometteur. En Compétition Officielle au 75ème Festival de Cannes.
Dans un futur indéterminé l’ADN de la population terrestre s’adapte de plus en plus à son environnement artificiel et pollué. L’artiste Paul Tenser profite de ces évolutions pour faire pousser de nouveaux organes dans son corps que lui et sa partenaire Caprice retirent chirurgicalement lors de leurs provocantes performances.
Un casting de choix occupe l’affiche de ce long métrage. Viggo Mortensen interprète cet artiste engagé jusqu’au corps dans son art. L’acteur livre une performance corporelle, habillé de noir, capuche, le visage masqué. Léa Seydoux est la sublime Caprice, sa partenaire de performance et aussi dans la vie, chirurgienne à ses heures. Kristen Stewart campe la bureaucrate introvertie d’un organisme qui n’existe pas encore, « Le Registre National des Organes ». Dans cette évolution humaine incontrôlée, la douleur est limitée par des machines. Paul Tenser dort dans un lit « Orchidbed » en attendant de créer une nouvelle hormone. Il mange aidé par un fauteuil « breakfast » qui module son corps pour l’aider à ingurgiter des aliments devenus indigestes. L’humain se déglingue et se désarticule. Il prend plaisir dans la douleur, la chirurgie est devenue la nouvelle sexualité.
Le monde de cette dystopie est comparable à celui d’un roman tant il est précis et imaginatif. Les décors et le sens du récit nous plongent dans ce monde à la dérive, pollué, dans lequel les protagonistes surnagent chacun à leur manière et où l’art prend une part inquiétante, « le corps est la réalité ». Cronenberg pose la question du sens et signe une dystopie philosophique. On sent bien que ces organes qui poussent telles des tumeurs évoquent le cancer. D’ailleurs le personnage principal, ténébreux, qui se déplace et tousse comme un grand malade, se nomme Tencer qui sonne en anglais comme « Cancer ».
Le film sortira dans les cinémas belges le 25 mai.