La Quinzaine à la Bocca, un vent de renouveau souffle sur le Festival de Cannes

Photo : Jean-Luc Gaget et Christine Doret avec l’association Parcours de Femmes – Atelier scénario

On connait mal La Quinzaine à la Bocca, projet d’action de la Quinzaine des Réalisateurs ayant pour objectif de rendre la culture accessible à tous. Parmi les actions réalisées cette année, des court-métrages de 5 minutes ont été présentés ce mercredi après-midi au théâtre de la Licorne par les équipes des films issus du terroir Cannois. L’accès à la culture constitue un enjeu majeur de nos sociétés et quel bonheur de voir ces jeunes et moins jeunes s’épanouir dans la créativité et la réalisation (de soi). Parce que oui, faire un film c’est possible.

« A Cannes il faut avoir le badge, tu l’as ou tu l’as pas. Le festival ne nous apporte rien, à nous » lâchera l’une des participantes, expliquant sa vision de la ville de Cannes au moment du Festival. Stagiaire ETAPS (Espace Territorial d’Accès aux Premiers Savoirs) des centres de formation GRETA et UFC, elle a participé à L’atelier réalisation dirigé par le réalisateur Sacha Wolff (Mercenaire), duquel est né un court-métrage documentaire sous forme de portrait de la ville à travers la parole de chacun de ces jeunes aux provenances diverses. Portrait de Cannes qui se terminera par une question qui touche au but : « Pourquoi rendre la culture inaccessible si elle est universelle ? »

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Edouard Waintrop, Délégué Général de La Quinzaine des Réalisateurs

La Quinzaine des Réalisateurs tente justement de rapprocher les Cannois du Festival en favorisant la rencontre des jeunes avec les professionnels du cinéma, pour leur permettre de mettre la main à la pâte. Edouard Waintrop, Délégué Général de La Quinzaine des Réalisateurs, souhaite leur faire découvrir que « le cinéma part de l’idée que l’on a eue, qui peut donner l’envie de faire des films ».

La Quinzaine à la Bocca c’est aussi un atelier de scénario dont a bénéficié l’association “Parcours de Femmes” animé par les scénaristes Jean-Luc Gaget (L’Effet aquatique de Solveigh Anspach) et Christine Dory (La chose publique de Mathieu Amalric). Ceux-ci pensaient devoir apporter des idées pour amorcer les récits, mais les scénaristes ont semble-t-il été débordés par l’enthousiasme des participantes à raconter leurs histoires de femmes.

On retiendra particulièrement Vis ma vie de Courgette, court-métrage d’animation réalisé avec l’association niçoise « Il était un truc » et les mineurs de la M.E.C.S (Maison d’Enfants à caractère Social) de la Villa Béatrice de Cannes. Après la vision de Ma vie de Courgette de Claude Barras, ces jeunes qui vivent en foyer ont souhaité réagir au film et donner leur opinion. « C’est un peu gros quand il regarde avec envie les mamans des autres », dira l’un d’eux. L’occasion d’un film-analyse avec les voix-off de ces jeunes, au combien intelligent et émouvant, à envoyer d’urgence à Claude Barras qui lui-même avait documenté son film par des recherches, en plus de s’être appuyé sur le roman de Gilles Paris, lui aussi nourri par une minutieuse observation de la vie en foyer.

Une initiative à saluer dont on parle assez peu, qui va se multiplier en France et un exemple à suivre de toute urgence partout ailleurs. Permettre aux plus jeunes d’accéder  à la création est aujourd’hui devenu une nécessité, surtout lorsque l’on voit émerger des citoyens comme Houda Benyamina, Caméra d’or 2016 (Divines) et son association 1000 visages, ou Alain Gomis (Félicité) qui souhaiterait développer en banlieue des ateliers vidéos comme il le fait déjà au Sénégal avec Up Court. La mise en place de tels projets au sein d’un Festival aussi prestigieux que Cannes constitue évidemment un modèle à suivre. Que ce souffle de fraîcheur continue et se diffuse !