
Pour son deuxième long métrage après Vandal (Prix Louis Delluc 2013), Hélier Cisterne adapte le livre de Joseph Andras, De nos Frères blessés, un drame de la guerre d’Algérie inspiré d’une histoire vraie. Celle de Fernand Iveton et de sa femme Hélène, un anti-héros épourvu de justice sociale dans un pays où les inégalités sont criantes. Le cinéaste a co-écrit cette adaptation avec Katell Quillévéré, une fiction sur l’Algérie Française à l’aube des événements, plongée dans une Histoire française noyée dans les tabous encore aujourd’hui. Lucas Belvaux tentait récemment avec Des Hommes un retour en arrière dans la mémoire des appelés d’Algérie à travers leur vieillesse dans la France profonde. Le drame dont il s’agit ici nous raconte cette époque vue d’Algérie, au coeur de l’intime. Un récit sur un amour vécu au sein de la vie coloniale à Alger. Un film qui sonne comme une petite bombe sociétale et résonne au présent de la politique française.
Paris 1954. Hélène et Fernand tombent amoureux. Hélène le rejoindra à Alger. Fernand lui fait découvrir une terre à laquelle il est attaché. Elle découvre Alger la blanche, son soleil, sa musique et la douceur de la vie coloniale. Alors que l’Algérie et la France se déchirent, leur vie bascule.
Les acteurs forment un couple attachant à l’écran. Vicky Krieps interprète Hélène, jeune femme au point de vue très intéressant riche d’un passé singulier. Polonaise, la belle a en effet fuit le communisme et vécu des drames. La fiction décrit une femme très indépendante, peut-être un peu trop pour l’époque. Né en Algérie, Fernand, aime sa terre. Communiste, il travaille comme ouvrier tourneur dans une usine. Vincent Lacoste entame une nouvelle facette de sa carrière en endossant un rôle mature et puissant.
Avec une mise en scène classique, Hélier Cisterne transforme cette histoire vraie en thriller. Il en tire un témoignage du passé mais aussi un symbole des fautes commises par la politique française à l’époque qui entache de célèbres noms comme ceux de René Coty ou François Mitterand. En évoquant l’égalité des peuples il rend aussi justice à Fernand Iveton, condamné « pour l’exemple ».