Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder, duo chic dans Mon Crime

Voilà une comédie enjouée réalisée par le prolifique François Ozon qui après Tout s’est bien passé et Peter Von Kant, se lance dans un thriller digne des plus grands Agatha Christie, l’humour en plus. Une comédie d’époque jouissive par sa malice et ses indices distillés de ci de là, ses coupables idéaux et la modernité de son propos faisant la part belle au féminisme, sans complaisance et surtout sans facilité. Ozon adapte la pièce de théâtre éponyme de Georges Berr et Louis Verneuil jouée pour la première fois en 1934 au théâtre des variétés à Paris.

Paris, années 30. Madeleine Verdier Nadia Tereszkiewicz, actrice sans le sou cherche désespérement à décrocher un rôle. C’est alors qu’elle est accusée du meurtre d’un célèbre producteur. Sa colocataire et meilleure amie, Pauline jeune avocate au chômage, Rebecca Marder, prend l’affaire en mains pour défendre son amie.

Cette tragi-comédie a tout pour plaire. Ces deux amies joviales, l’une blonde, l’autre brune, coupe carrée façon Loulou nous rappelleraient pour un peu dans leur élan les sœurs jumelles de Jacques Demy. Bien que sans le sou, des dettes de loyer impayables, le positif prime, une envie soudaine de se suicider, mais non, « il est à quoi ce sandwich ? » Et l’une laisse tomber le revolver sur sa tempe pour dévorer l’encas. Les situations se détricotent toutes seules, le drame fait place à l’absurde, le tout servi par des comédiens judicieusement choisis, issus pour la plupart du sérail du cinéma français populaire. Fabrice Luchini est un juge à peine impartial muti-récidiviste assisté d’un greffier, Olivier Broche, probablement plus intelligent, en tous cas plus prudent que lui. Comble du comble, le ch’ti de service, Dany Boon, raie au milieu de vaguelettes gominées, moustache, interprète Palmarède architecte marseillais à l’accent du sud. L’affaire est corsée par un commissaire très suspicieux incarné à merveille par Régis Laspalès. André Dussollier est également de la partie, comme Isabelle Huppert en rousse éclatante ex star du muet perdue dans le monde sonore. Ozon convoque également Daniel Prévost, Evelyne Buyl etc.
Les somptueux décors art nouveau et les costumes nous plongent dans le Paris post belle époque. Fidèle à François Ozon, le Directeur de la photographie lauréat d’un triplé de magritte du cinéma Manu Dacosse signe l’image de Mon Crime.

L’aventure des ces deux jeunes femmes explore les thèmes de l’innocence, de la justice, de la manipulation, de la starification et le rôle de la presse. Elle repousse les limites de chaque fait pris pour acquis et renverse le récit pour le plus grand bonheur du spectateur avec beaucoup d’humour. Une comédie drôle et finement réalisée sur le grand écran, quel bonheur.