L’année 2020 débute à peine, c’est le moment des bilans de 2019.
Place au Top 10 des meilleurs film de l’année !

 

1- So Long My Son. Wang Xiaoshuai réalise une fresque grandiose, 40 ans de la vie d’une famille et de ses proches dans une Chine en mutation pendant la politique de l’enfant unique. Une construction du récit fragmentée qui invite le spectateur à recoller le temps pièce par pièce. Subtil et totalement bouleversant. Ours d’argent du Meilleur acteur pour Wang Jingchun et celui de la Meilleur actrice pour Yong Mei au dernier Festival de Berlin. Grand Prix au BRIFF à Bruxelles.

2- Parasite. Une tragicomédie éblouissante de Bong Joon Hoo, Palme d’Or à Cannes. Une Histoire surprenante, des acteurs habités (Song Kang Ho & Lee Sun Kyun) et une mise en scène exceptionnelle. Bong Joon Hoo nous montre une lutte des classes désespérée et réalise une critique de l’individualisme dans la société coréenne. Parasite est à la fois un film d’auteur et populaire. Bingo.

3- Portrait de la jeune fille en feu. Céline Sciamma s’attaque au thème du portrait et investit les beaux-arts dans une mise en scène superbe. Le thème du portrait se déplace de la peinture au cinéma dans une mise en abîme de la peintre qui dessine avec le regard de la cinéaste. Les formidables comédiennes Adèle Haenel et Noémie Merlant – chose rare au cinéma – sont de vraies héroïnes comme on aimerait en voir plus souvent sur le grand écran. Un prix du scénario à Cannes stupéfiant pour un récit pourtant basé sur le visuel, on attendait mieux, au moins celui de la Mise en Scène.

4 – Atlantique. Mati Diop propose de voir l’immigration actuelle de l’autre côté de l’océan à travers une histoire d’amour. Un regard neuf et inspirant. Un film multigenre, social, dénonçant la situation des ouvriers sénégalais exploités sur les chantiers au genre fantastique. Envoûtant. Grand Prix du Jury à Cannes.

5- Leto. Kirill Serebrennikov se penche sur la vie d’un des leaders du rock russe des années 1980 Viktor Tsoï, qui cherche à émerger sur la scène de Leningrad. Il deviendra le leader du célèbre groupe Kino, et décédera prématurément. Une réalisation au cordeau, créative et puissante. Un film malheureusement trop discret sur les écrans lors de sa sortie en salle.

6- Proxima. Alice Winocour sublime Eva Green, une mère astronaute qui malgré les tracas du quotidien va devoir quitter sa fille pour une mission d’un an dans l’espace. L’envoûtement est là, les émotions aussi. Un grand rôle pour Eva Green qui interprète un personnage féminin complexe, une vraie héroïne du XXIème siècle, il est temps. Alice Winocour parvient à capter l’indicible entre l’intime et l’infini, l’inconnu que représente l’immensité spatiale. Chapeau bas.

7- Il traditore. Marco Bellocchio réalise un biopic fascinant sur l’homme qui a brisé l’omerta et trahi la mafia Sicilienne, Cosa Nostra, Tommaso Buscetta. Pierfrancesco Favino déploie tout son charisme pour ce rôle impressionnant. Une fresque qui pénètre dans l’intimité de la mafia, un thriller haletant avec des règlements de compte en cascade.

8- Marriage Story. Noah Baumbach réunit un couple sur le point de divorcer et pénètre au coeur des non-dits, des souvenirs, des petites choses du quotidien qui nous bouleversent. Les acteurs sont criants de vérité. Scarlett Johansson et Adam Driver s’aiment et se déchirent dans ce drame devenu presque banal, auquel le cinéaste rend toute la puissance, la complexité et la profonde douleur.

9- Les Chatouilles. Andréa Bescond et Eric Métayer réussissent un tour de force. Ils Réalisent une fiction solaire sur un sujet inabordable, celui de la pédophilie à travers les yeux d’une enfant, Odette, interprétée adulte par Andréa Bescond. Les cinéastes abordent le récit avec la légèreté du conte. Les comédiens sont au rendez-vous, Pierre Deladonchamps, Karin Viard, Clovis Cornillac et la jeune Cyrille Mairesse. Andréa Bescond et Eric Métayer innovent en présentant la pédophilie à travers une vraie fiction onirique. Cinématographiquement le film est réussi et sociologiquement il constitue une avancée réelle qui aura forcément des répercussions face aux aveuglements de notre société bien-pensante.

10- Les Misérables. Ladj Ly place son thriller au cœur de la banlieue française avec la connaissance de celui qui laisse sa caméra filmer sur le terrain depuis longtemps. Cette fiction porte une valeur documentaire mais surtout dénonce la situation des banlieues françaises en 2019. Il les filme comme des zones de non-droit. Ce film est un événement c’est pourquoi il figure dans ce top. La claque de Cannes, en lice pour les Oscars.

Autres films à retenir de 2019 :

Nuestras Madres de César Diaz est bien sûr à retenir de cette année 2019. Caméra d’Or à Cannes, il a obtenu de très nombreuses récompenses, notamment le Prix de la Critique au FIFF et récemment le Prix Cavens.

Le Joker est un bon film, intéressant, mais le message qu’il véhicule pose question. Au final un fou soulève les foules, on ferait presque ici l’éloge de cette folie… Elle était pourtant si bien amenée, par bribes de vexations que subit cet exclu de la société avec la prestation exceptionnelle de Joachim Phoenix. La conclusion est liée à un personnage maléfique de Comics, mais dans un film réel cela ne fonctionne malheureusement pas aussi bien et le message politique s’impose, bon ou mauvais.